C’est une chose étrange à la fin que le monde (Jean d’Ormesson)

Voici ce qu’écrit l’IA de WordPress sur ce livre :

« C’est une chose étrange à la fin que le monde est un essai philosophique écrit par Jean d’Ormesson, qui suscite de profondes réflexions sur la condition humaine et notre place dans ce vaste univers. L’auteur nous invite à contempler les mystères et les merveilles de la vie, tout en questionnant la signification de notre existence. À travers des réflexions personnelles, de grandes questions métaphysiques et une prose élégante, ce livre incite le lecteur à remettre en question ses croyances et à explorer les vérités universelles. En lisant cet ouvrage, vous serez transporté dans un voyage intellectuel fascinant qui vous fera réfléchir sur la complexité et la beauté du monde qui nous entoure. »

L’IA a sans doute été achetée par l’éditeur Robert Laffont…

Voilà ce que j’en pense :

C’est l’histoire d’un écrivain qui se met à considérer d’un coup sa mort comme seule perspective à peu près certaine, une sorte de rendez-vous à inscrire sur son agenda, sauf qu’il ne sait pas bien à quelle date. Essai sur le sens de la vie, ce livre au titre improbable se veut la synthèse d’une connaissance livresque et l’expérimentation d’une vie. Derrière la fausse modestie de Jean d’Ormesson connu pour ses manières de ne pas y toucher, synthèse presque parfaite entre les stoïciens et les épicuriens, se cache une oeuvre ambitieuse et qui à mon sens manque son but.

Le texte en deux parties, au terme d’une évocation de l’histoire de la pensée et de la physique, perd toute sa saveur pour sombrer dans une somme de propos de comptoir sur Dieu et qui serait bien fade sans la prose allègre de l’auteur. Abuserait-il de phrases pleines de mots, habiles passe-passes littéraires, mais vides de sens ?

Petit florilège :

  • « Dieu existe-t-il ? Dieu seul le sait. »
  • « Nous ne savons rien de l’avenir. Sauf une chose : nous mourrons tous. »
  • « La vie est belle. Il lui arrive d’être cruelle. »
  • « L’histoire est la forme que prend le temps pour forger l’histoire des hommes. »
  • « Les hommes font l’histoire mais ils ne savent pas l’histoire qu’ils font. »
  • « Le soir vient. La nuit tombe. Les astres sont là. »

Après quelques centaines de ces pages parsemées de propos aussi impressionnants et de bons mots d’académiciens, la question qui me revient est : à quoi bon ?

Oui, si le désespoir sur le sens de la vie vous étreint à quoi bon préférer ce livre à celui d’un excellent Cormack Mc Carty par exemple ? Et si ce livre qu’était que l’expression de l’égo gentil d’un esprit sans aucun doute très doué, un propos répété à l’envie. L’optimiste réaliste de jean d’O me parait une équitation artificielle, un produit sur étagère (ie marketing) comme un autre, destiné à un public qui, mettons carte sur table, a sans doute son âge, dont les 30 glorieuses ont été l’âge d’or, qui a vu avec quelle rapidité que ce qu’ils avaient connu est devenu vite obsolète, et qui face à la certitude de sa fin dernière tente encore de garder le sourire et un soupçon d’espérance.

Bel effort.

L’index de noms qui s’étend sur une dizaine de pages est très instructif car il montre les nombreuses références culturelles de l’auteur (de Kierkegaard à Tintin) et dévoile la vanité de cette pensée qui, pour échafauder cette réflexion, a dû se nourrir d’une telle somme d’intelligence. Le tout serait-il plus que la somme des parties ? Pas certain en fait.

En tout cas, c’est en parlant des autres que l’auteur est le plus intéressant. Les citations sont excellentes. Je ne savais pas que les opérettes d’Offenbach étaient des livres. En tout cas, la liste de son best of qui est comparable à une liste de livres d’été à lire pour les prépas littéraires crée un contraste troublant dont cet ouvrage ne sort pas gagnant. Jean d’O, bon joueur, en accepte l’augure mais se console en expliquant que pour lui ce livre était extra. Ouf, cela fait au moins un heureux.

T. Sandorf

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