Le syndrome de Beyrouth (Alexandre Najjar)

4 août 2020, explosion massive dans le port de Beyrouth. Cette explosion n’appartient à aucun clan, ce n’est pas un attentat : elle n’a aucun but politique, elle ne vise personne. C’est juste un accident ; un terrible accident, symbole d’un pays à la dérive et qui pousse Amira Mitri à revenir sur son passé, intimement lié à celui du Liban.

Alexandre Najjar fait partie de cette génération qui n’a connu de son pays que la guerre et les traumatismes d’une paix illusoire. A travers ce double féminin il raconte les tribulations d’une génération qui a pris les armes puis a tenté de se fondre dans une vie normale. Une génération perdue mais témoin lucide et impuissant de son propre malheur.

« Quand la notion de scandale n’existe plus, le pays est fichu. »

Adolescente, Amira vêt l’uniforme elle-même. Blessée, elle est envoyée à Paris par son père. Etude de droit, journalisme. Elle passe du fusil au crayon et devient le témoin d’une démocratie ratée, noyautée par les intérêts partisans, envahie par les armées étrangères. Le Liban est une charnière entre l’Occident et l’Orient, mais il semble surtout être une construction théorique, un mythe, une statue qui sonne creux quand on lui tape dessus et se fendille de toute part.

Les morts tragiques et les scandales s’enchainent. Najjar passe d’une anecdote à l’autre et dans cet entrelacement des avanies de l’histoire il semble vouloir montrer qu’aucune issue favorable n’est possible. Seul l’exil est salutaire. Triste constat pour le Liban. Sombre bilan pour cette génération.

Ce retour historique est une synthèse intéressante pour celui qui veut en savoir plus. Cependant les personnages du roman souffrent d’être effacés par le poids de la tragédie, ce qui en rend la lecture plus difficile.

Thomas Sandorf

Merci à Plon et Netgalley pour celle lecture.

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